Exposition Toiles Insouciantes au Grand Bazar à Toulouse du 1 au 22 juin 2023

Exposition Toiles insouciantes, Maxime Lavie, à Grandbazar 1 juin - 22 juin 2023

Pour l'artiste peintre, l'enjeu est d'être si longtemps dans l'atelier puis de

finalement réussir - enfin - à en sortir en emportant sur le dos ses toiles, pour

les partager aux autres, autrement que par des publications numériques éparses

qui ne leur font certainement pas honneur, avec capture CCD, compression

RGB, réduction au format d'une poche, et passage au hachoir du # tag !

Après avoir touché depuis 25 ans - à la suite de mes études d'Arts Appliqués à Bordeaux et de Création Industrielle aux Ateliers Saint Sabin à Paris-, à la

sculpture, la photographie, l'infographie 3D, la retouche Photoshop®, le dessin de modèle vivant, la gravure traditionnelle, le wall painting (Ecole Européenne de l'Art & des Matières, à Albi) ou encore la peinture abstraite, j'ai fait ce choix personnel de me consacrer à la peinture figurative au début des années 2010.

En effet, entre 1986 et quelque chose comme 2008, il existait une "doxa? qui

présumait la peinture, et a fortiori la peinture figurative, comme un médium

artistique plus acceptable. Les étudiants entraient aux Beaux Arts pour

s'entendre dire que la peinture était morte. A quoi bon figurer avec un médium aussi fastidieux et coûteux quand on peut tout imaginer avec l'infographie (je m'y suis perdu des nuits entières) qui venait de nous ouvrir quelques années plus tôt des champs infinis de représentation, de magnification ou de manipulation du réel. Pourtant elle est depuis revenue en force, dans les galeries majeures, dans les FRAC et les expositions rétrospectives, avec les artistes Nina Childress, Thomas Lévy-Lasne, Farah Atassi, Marion Batalliard,

Giulia Andreani, Olivier Masmonteil, Agnès Thurnauer, Ymane Chabi-Gara,

Simon Martin, Clémentine Margheriti etc...

"La peinture est une image patiente, plus dense, avec une durée de vie plus

interminable qu'un flux de photos [...] je trouve intéressant qu'il y ait encore des

pulsions de peinture dans un monde où il ya 100 000 000 d'images par jours qui tombent dans l'Instagram? explique dans une conférence du Collège de France l'artiste Thomas Lévy-Lasne.

Dans ma peinture je propose une confrontation bienveillante entre ces images - en particulier les photographies prises au tournant du siècle, numérisées et échouées sur des blogs, des forums ou autres pages html que personne ne visite plus - et notre regard actuel....

Probablement que les Toiles Insouciantes de cette exposition - s'inscrivent dans le sillage du travail de Nina Childress, une délicieuse figuration punk

Néo-romantique empreinte de nostalgie et revendiquée féministe.

Quand je retranscris des images patientes sur la toile, je ne suis guidé que par une gestuelle juste et une palette nécessaire : sans effet expressif. Pour moi, c'est cette anesthésie de l'intention plastique qui permet au style de se révéler à soi (avec les années). L'iconographie que je propose est libre de toute obligation artistique de nouveauté, de questionnement direct sur notre époque, ou de contemporanéité, même si elle interroge en creux sur ce que nous faisons de notre temps, et contraste avec cette chaîne de valeur montante qui tend à ignorer les vrais enjeux du vivre ensemble avec nos différences, entre individus... ou même nations ! Elle expose des humains libres, pacifiques, insouciants et réfléchis, des personnalités célèbres (ou des faux anonymes) ; il s'agit souvent des femmes - il faut savoir cultiver ce que l'on nous reproche - qui en servent de modèle à un peintre qui imagine volontiers qu'elles devraient aussi servir de modèle à notre société.

Maxime Lavie, Juin 2023